Les femmes dans la Bible

Figures féminines de la Bible

Marie-Laure nous fait la gentillesse de nous partager les notes de l’entretien donné le 16 mai 2024 lors du JEUDI AUTREMENT


D’Eve à la Femme de l’Apocalypse, différents livres bibliques mettent en scène des figures féminines inspirantes pour notre monde contemporain. Qui sont-elles ? Que font-elles ? Quel rôle ont-elles dans l’histoire du peuple hébreux et l’histoire du salut ?
A travers des textes écrits dans une culture où les femmes étaient plus effacées par rapport aux hommes, la Bible révèle leur noblesse, leur dignité, leur mission.

Introduction
Ecoute : « Ecouter la Parole » : hospitalité intérieure. Descendre de sa montagne, laisser de côté sa « carte du monde » (éducatif, sociologique, ) pour écouter la Bible. L’Ecriture Sainte, la Bible : c’est Dieu qui se révèle. La Bible n’est pas à lire au pied de la lettre, c’est un récit théologique qui nous est donné, où Dieu se révèle. La Bible dit Dieu, ce qu’il est, ce qu’est l’homme dans le plan de Dieu. Une lecture fondamentaliste, ou des extraits déconnectés de leur contexte, des codes culturels de l’époque où ils ont été rédigés, est source d’erreur d’interprétation. Il n’en demeure pas moins que la Bible est une source précieuse pour découvrir qui est Dieu et qui est l’homme, le projet de Dieu pour l’humanité, et notre chemin de bonheur en y répondant. Premier des commandements : « Ecoute, Israël ».

Pour introduire cet échange, je ne vous cache pas que je suis embarrassée de mettre le focus sur les figures féminines dans la Bible, car il me semble que l’homme et la femme, qu’ils soient contemporains ou bibliques, se comprennent ensemble, dans leur unité. « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas » … même dans l’étude.


Cependant, dans ce domaine, il peut être nécessaire de « distinguer pour unir », et si vous me permettez une analogie avec le critère de Chalcédoine sur la Christologie : dans le Christ il y a deux natures, la nature divine et la nature humaine « sans confusion, ni séparation », dans une unique personne, la personne divine. Ainsi, je vous le concède, nous allons nous intéresser aux
figures féminines de la Bible, mais sans les isoler, encore moins les opposer aux figures masculines J’aimerai dans cet entretien mettre en valeur la richesse et la dignité de la féminité en étudiant quelques figures féminines proposées dans la Bible pour tenter d’en tirer des traits caractéristiques, mais surtout nous verrons combien elles sont liées à la vie, au salut. Nous nous arrêterons bien sûr sur la figure de la Vierge Marie qui est à la fois rupture avec la conception de la réalisation de la femme selon l’AT, et lien entre l’Ancienne Alliance et la Nouvelle Alliance.
Enfin, nous nous intéresserons bien sûr à ces femmes du Nouveau Testament et surtout à la façon dont Jésus entre en relation avec elles, qui sont autant disciples. Mon objectif ultime est de montrer, que s’il y a altérité dans l’humanité, l’homme et la femme, ce n’est pas une opposition pour une unité qui révèle Dieu le Père qui est à la fois masculin et féminin.


Les femmes dans la Bible, par ordre chronologique
 Ève

  1. Déluge (2370 avant notre ère)
     Sara
     La femme de Loth
     Rébecca
     Léa
     Rachel
  2. Exode (1513 avant notre ère)
     Myriam
      Rahab
     Ruth
     Déborah
      Yael
     Dalila
     Anne
  3. Premier roi d’Israël (1117 avant notre ère)
     Abigaïl
     La Sulamite
     Jézabel
     Esther
     Marie (la mère de Jésus)
  4. Baptême de Jésus (29 de notre ère)
     Marthe
     Marie (la sœur de Marthe et de Lazare)
     Marie de Magdala
  5. Mort de Jésus (33 de notre ère)

    Première Partie : L’Ancien Testament

    Misogyne, la Bible ?En effet, dans l’Ancien Testament, dès l’origine, la femme semble occuper la seconde place : elle est créée après l’homme. Il n’y a donc pas de parité?
    La Bible est un livre saint, il a donc la particularité de révéler Dieu comme celui qui rejoint l’humanité là où elle est, telle qu’elle vit, avec ses générosités et ses défaillances. Il n’est donc pas étonnant que le texte reflète les injustices, les violences, et aussi la misogynie que nos sociétés véhiculent. Ensuite, les premiers chapitres de la Genèse ne sont pas une reconstitution de l’origine, mais une méditation théologique sur l’humanité. Il y a deux récits de création de l’humanité et celui qui met en scène une création de la femme au jardin d’Éden arrive en second. Mais ces deux récits se lisent ensemble. Le premier, récit sacerdotal du 6 e siècle avant Jésus-Christ, présente un couple humain est où chacun a sa place, au même niveau que l’autre: «Dieu créa l’être humain à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme» ( Gn 1, 27 ). Et c’est l’un et l’autre qui reçoivent ici la Création à gérer. Et c’est l’un avec, uni(e) à l’autre, qu’ils sont qualifiés du beau titre d’« image de Dieu ».

    L’humanité n’est pas créée par Dieu comme une réalité qui lui serait étrangère. Si elle existe structurée par la relation du masculin et du féminin, c’est parce que Dieu lui-même est relation, tout en étant Dieu unique. Ainsi, dès l’Ancien Testament, bien avant que le mystère de la Trinité ne soit révélé, il y a cette conscience que le Dieu unique est simultanément un Dieu de l’échange, de la relation. Il n’est pas solitaire, éternellement face à lui-même, mais amour.
    Notre humanité « à son image » ne peut donc être que relationnelle.

    Dans le deuxième récit, appelé Yaviste, qui émane de scribes du temps du roi Salomon, la femme est tirée du côté d’Adam, et non de la côte. Ainsi dans l’Adam primitif, le masculin et le féminin coexistaient déjà mais ne pouvaient dialoguer, n’étant pas en face à face. En tirant Eve du côté d’Adam, Dieu permet une altérité qui ouvre le dialogue et la communion.

La femme est créée pour être une « aide » à l’homme ( Gn 2, 18 ). Cette « aide » semble limiter la place de la femme à un rôle de subordonnée.
Je reprends à Anne-Marie Pelletier son explication sur la manière juste de comprendre ce mot « aide », tel qu’il résonne en hébreu et non pas avec nos codes actuels. Ce mot, dans la Bible, est appliqué à Dieu. Rien de moins ! Dieu est « l’aide », c’est-à-dire le secours de ceux qui sont menacés de mort. Le terme est donc beaucoup moins infamant pour les femmes que nous le croyons !
Et, de fait, le premier humain, Adam, a besoin d’une aide, d’un face-à-face avec l’autre pour exister. Sinon, c’est Narcisse qui se noie en se contemplant lui- même.


Selon la Genèse, le péché est introduit par la femme. Pourtant, Dieu punit aussi bien l’homme que la femme. Pourquoi faire peser sur la femme la culpabilité ? Nulle part dans la Genèse il n’est dit que la femme serait plus coupable que l’homme. Le texte biblique est beaucoup plus fin ! Dans le récit, la désobéissance est partagée, comme est partagé le fruit de l’arbre défendu. En fait, la subtilité du texte consiste à évoquer la mystérieuse solidarité qui relie les générations humaines et qui nous rend tous fragiles devant la tentation.
Une manière de l’exprimer est de mettre en scène celle qui enfante ces générations, c’est-à-dire une femme. Ainsi donc, c’est bien « par un seul homme » ( Rm 5, 12 ), figure de l’humanité, que le péché entre dans le monde, et non par une défaillance de la femme dont l’homme serait exonéré. Ensuite, l’humanité va enfanter, par les femmes, des enfants, qui ratifieront à leur tour le refus de la parole de Dieu, qui suspecteront à leur tour Dieu d’être un rival menaçant, qui s’établiront dans la désobéissance.

La Bible est peuplée de nombreux personnages, en grande majorité, des Hommes. Pourtant dans cette société patriarcale, des figures féminines se détachent et sont de véritables symboles. Déterminées à sauver leur peuple et leur foi, elles sont capables de tout et font tantôt preuve d’un esprit maternel, généreux ou guerrier. Bien des femmes ont une importance égale à celle des hommes. Certaines figures féminines sont négatives et d’autres positives. Souvent elles apparaissent à l’ombre des hommes, dominées par eux. Et pourtant, là aussi, elles ont une importance égale à celle des hommes : Elles savent associer humilité et assurance, comme Anne, la mère de Samuel. Elles sont capables de maintenir l’espérance au cœur même de la défaite et de
l’humiliation, comme Judith. On les retrouve veillant sur la vie menacée et outragée, comme Riçpa, qui traverse brièvement le Second Livre de Samuel mais qui montre si bien la force de la compassion. Tout au long, depuis les matriarches, sans lesquelles la promesse faite à Abraham serait demeurée vaine, ces femmes viennent au secours de la vie, contre la mort, comme Dieu.
Et en enseignant cette priorité, elles préparent aussi Israël, puis nous-mêmes à sa suite, à reconnaître le triomphe de la vie sur toutes les puissances de mort.


Avant d’aller plus en détail dans l’étude de quelques figures féminines précises, il est à noter que Israël, comme peuple, est souvent identifié à une figure féminine. Le peuple est appelé la vierge d’Israël, c’est-à-dire qu’il doit se garder pur pour Dieu. Jérusalem est la mère de ses habitants, désolée et stérile lors de leur déportation, vibrante à l’annonce de l’enfantement que Dieu promet. Is 54, 1. Nous pourrions citer aussi l’image des noces pour signifier l’alliance de Dieu et de son Peuple : la fillette nue et méprisée à sa naissance, mais adoptée et épousée par Dieu Ez 16, 4, infidèle et adultère Ez 16, 15, Os 2, 7, châtiée et abandonnée Is 54, 6. Et pourtant la tendresse de Dieu vient la chercher pour la tirer de la honte et la revêtir de splendeur (Is 61, 10). Pourquoi le préciser ? Parce que cela montre bien que la féminité est liée à l’élection, à un choix, à une préférence, au salut.

Intéressons-nous de plus près à quelques femmes.

La prophétesse Déborah, qui vivait à l’époque des juges (avant l’an 1000), au moment où les tribus israélites cherchaient leur unité en Palestine. Déborah « jugeait Israel en ces temps-là » (Jg 4, 4-5). Juger, signifie avoir autorité. Cette fonction étonnante pour une femme était peut-être due à son don de prophétie.
Prophétesse Houlda, plus tardive. Au temps du roi Josias, roi de Juda (7 e siècle avant JC. 2R 22, 14 Grands prêtres, secrétaires, serviteurs du roi vont consulter Houlda qui vivait à proximité du Temple.
Pendant l’Exode, nous ne pouvons passer sous silence Myriam, la sœur de Moïse, qui l’a sauvé de la mort, en suivant le panier d’osier dans lequel était son frère. Ex2, 2-10. En Ex 15, 20, elle est appelée « Prophétesse ». En Nb 13, 15, curieusement, il est dit que le peuple entier doit attendre la guérison de Myriam, punie pour avoir critiqué Moïse. Nb 13, 15. Plus tard, les traditions diront que c’était grâce aux mérites de Myriam que peuple avait bénéficié du puits-rocher qui accompagnait les hébreux au désert auquel Paul fait allusion (1 Co 10, 4). Elle fut même considérée comme l’un des trois guides d’Israël avec MoÏse et Aaron.

Deux autres femmes exceptionnelles, Esther qui sauve son peuple de l’extermination juive en Mésopotamie au risque de sa propre vie. Elle était la cousine de Mardochée qui était aussi son tuteur. Et Judith, femme veuve et très belle (beauté de la vertu plus que physique), qui armée de jeunes et de prières, plus que d’armes, entre dans le camp ennemi et décapite le général Holopherne séduit par sa beauté. Grands prêtre et anciens la célèbrent : Jdt 15,8-10. Action de grâce. On peut y voir l’annonce de la victoire de Marie qui s’attaque au mal. Ainsi se construisent une typologie de femme qui sauve son peuple et le libère. Ce sont des femmes guerrières, qui en gardant leur altérité avec l’homme, ont un rôle actif.

Bien que dans le Nouveau Testament, je vous propose maintenant de nous intéresser à la généalogie que propose saint Matthieu.
Que remarquez-vous ?
Avant Marie, quatre femmes sont nommées discrètement. Ce texte qui ne contient que des noms propres présente ces femmes, ce n’est pas sans signification.
Entre Abraham et David : elles sont trois. Tamar, Rahab et Ruth. Ni Sarah, ni Rebecca, ni Rachel que les Israélites entouraient d’admiration et de piété filiale. Tamar (Gn 38) avait épousé le fils de Juda, célèbre ancêtre de la tribu royale. Or ce fils est mort sans enfants. La coutume du temps voulait que le plus proche parent du mort donnât à sa femme une descendance qui était considérée comme celle de son premier mari. Le cadet épouse Tamar et meurt. Juda refuse de lui faire épouser son troisième fils et renvoie Tamar. Mais elle, par fidélité à son premier mari, use d’un stratagème. Déguisée en prostituée, elle tombe enceinte de Juda lui-même, son beau-père donc… Conduite au bucher pour prostitution, elle confond Juda qui s’écrie : « Elle a été plus juste que moi ! ». La récit donne raison à Tamar qui a risqué sa vie pour cette maternité. C’est d’elle que sortira la lignée de David.
Rahab (Jos 2)
Ruth, la Moabite (Rt 1, 12). Etrangère, épouse d’un fils de Bethléem de Juda, émigrée en pays moabite. Son mari meurt, Ruth choisit d’abandonner sa famille et son pays pour revenir à Bethléem avec sa belle-mère Noémi. Ruth s’arrange pour servir Booz le plus proche parent de son mari, qui peut donner un fils à son mari. Fidélité.
Leur caractéristique commune est d’être étrangère.
Matthieu signale également Bethsabée, l’épouse d’Urie de Hittite que David s’arrange pour faire tuer au combat. Le fils de l’adultère est mort, mais Bethsabée fut la mère de Salomon, le grand, le fils du pardon.


La généalogie de Jésus comprend des pécheurs et des étrangers. C’est déjà l’annonce d’une bonne nouvelle.

La Bible salue positivement le rôle de femmes très diverses, qui ne se réduisent pas à un modèle unique : des femmes comme des hommes se sont mises en travers de l’histoire du salut (Dalila qui trahit Samson par exemple Jg 16, 15)., la cruelle Athalie qui veut supprimer la descendance de David (2 R 11).
C’est peut-être pourquoi la généalogie de Matthieu a sauté trois rois en ligne directe d’Athalie, ainsi Athalie était effacée jusqu’à la troisième génération (Dt5, 9). Mais Israël ne se reconnait que dans ceux et celles qui sont restés fidèles à leur peuple et leur appel.

Dans le peuple juif, la femme est souvent considérée dans sa maternité. Enfanter était fondamental. La bénédiction est d’avoir une nombreuse postérité. Avec une mortalité infantile élevée, la fécondité était essentielle. En écho saint Paul : « Elle sera sauvée en devenant mère » (1 Tim 2, 15). La Bible loue leur maternité volontaire en faveur d’Israël, même les étrangères. Cette
fécondité est pour le salut du peuple. Elle souligne le rôle salvifique des femmes, comme si elle était tournée davantage vers la préservation ou la continuité de la vie. Elles ont des interventions décisives et non passives !!! Le caractère prophétique est reconnu à des femmes. Il y a toujours à discerner, car il existe aussi de fausse prophétesse Noadya (Neh 6, 14). Ce charisme s’est prolongé dans le Nouveau Testament car Luc mentionne Anne (Luc 2, 28). Retenir : Maternité, fidélité à la Loi. Lien à la vie très important, c’est pourquoi l’eau et la femme sont très liées (puits). Nous pourrions aussi citer le lien entre la lumière et la femme. C’est elle qui allume la lumière dans la demeure selon la tradition juive. La présence de la femme attire la présence de Dieu sur la
demeure. A la mort de Sarah, il n’y a plus de lumière dans la tente d’Abraham.
Le livre de la Sagesse réhabilite la femme stérile qui n’a pas connu d’union coupable. Elle aura une fécondité spirituelle (Sag 3, 13), qui complète la femme forte de Proverbes 31.

A la charnière entre le Nouveau Testament et l’Ancien : MARIE

Certainement la condition de la femme juive s’était durcie. La femme était respectée au foyer en tant qu’épouse et mère, mais elle était une mineure. Son témoignage n’était pas reçu dans les tribunaux. Ses biens appartenait à son mari qu’elle recevait de la main de son père. C’est dans le domaine cultuel que se manifeste le rôle inférieur de la femme : avec les enfants, les vieillards, les
infirmes, les esclaves. Elle était impure pendant son indisposition mensuelle…
Cette reconnaissance de la femme dans le soin de la demeure nous va bien. La femme a une disposition naturelle et physique à vivre « à l’intérieur », à prendre soin de la maison. La femme est aussi plus disposée à la vie intérieure, à la prière.

Ce n’est pas un hasard, si à l’Annonciation, Marie est souvent représentée à la maison. Prendre le texte. « L’Ange entra auprès d’elle » (TOB). Les artistes la représentent dans sa maison. La conception a lieu, sauf très rare exception, à la maison. Marie est vierge, elle devient le premier tabernacle de l’humanité. Elle porte en elle la Parole pour la donner au monde. Quelle dignité inégalable.
C’est pourquoi elle est aussi Immaculée Conception, vierge, mère, épouse.
Quelle belle figure celle de saint Joseph !


« Tu es bénie entre toutes les femmes » : la bénédiction est liée à la fécondité (cf Yaël 4). A la Genèse : Dieu les bénit et leur dit multipliez vous. Les femmes sont bénies lorsqu’elles ont porté du fruit pour le salut du peuple. Fécondité spirituelle. La plus bénie est la Vierge Marie qui a porté le Prince de la Vie. Les ennemis sont ceux de la vie spirituelle. Les tyrans sont les obstacles du combat spirituel, ceux envoyés par Satan. Cf l’Apocalypse.

Regardons d’autres épisodes : Mc 3, 32-35, rapporté par Luc qui ajoute Lc 11, 27-28 : Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui l’observent ». La foule autour de Jésus. Ma mère et mes frères : ni irrespect, ni indifférence. Jésus oriente ceux qui l’écoutent vers l’appel de Dieu. Le lien le plus profond qui unit deux êtres n’est pas d’ordre charnel, mais une voie dépouillée
libératrice gage d’un amour réussi. Aux Noces de Cana. Jésus refuse d’obéir à Marie, ce refus provoque de sa part un acte de foi « Faites tout ce qu’il vous dira ». En donnant un vin abondant et excellent, figure du vin messianique Jésus exauce la prière de sa mère. L’HEURE du salut arrive. Marie, nouvelle Eve est étroitement liée à ce salut. L’HEURE, celle de la Passion et de la glorification, où Marie sera la mère debout au pied de la croix. Quelle force d’âme ! Le dépouillement assure la fécondité de l’amour.

Quelques femmes du Nouveau Testament

Alors oui, du temps de Jésus la femme est peu considérée. Célibataire, Jésus est libre pour porter un regard de respect et de sympathie envers la condition féminine. Il les replace dans ces nobles tâches du soin de la maison : Rappelez- vous les paraboles la drachme perdue (Lc 15, 8), la veuve importune qu’il loue (Lc 18, 3) : Cette persévérance féminine, Jésus la donne en exemple de
l’attitude de prière à l’égard du Père. Regardez Jésus et la veuve (Lc 21, 3), Marthe la servante qu’il convie à l’écoute de la Parole (Lc 10, 38).
Jésus est libre vis-à-vis de ses contemporains compatriotes. Nombreuses sont les femmes qui ont un rôle dans le NT : La cananéenne que Jésus admire, devenue modèle de l’humilité dans la foi (Mt 15, 21). L’hémoroïsse (cf église de Magdala) : rappelez-vous l’impureté cultuelle des femmes indisposées. Cette femme ne pouvait jamais avec de vie sociale, ou monter au Temple ! Jésus balaie tout cela, il se laisse toucher par cette femme qui par ce contact le met en état d’impureté rituelle. Il accueille des femmes de mauvaise réputation, il partage la table des pécheurs, et le parfum d’une ex femme de mauvaise vie.
Veuve de Naïm : dans la maternité.
La samaritaine Jn 4. Puits. Eau. Rencontre contraire aux convenances, mais Jésus l’envoie chercher son mari : il tient compte des coutumes mais les dépasse. Jésus lui demande de l’eau, humblement, lui le saint à la pécheresse. Il retourne le cœur de cette femme. Jésus éclaire sans condamner.
Parmi les disciples, il y a des femmes. Les femmes qui accompagnaient Jésus.

Marthe et Marie
Les femmes de la résurrection
Marie-Madeleine : une seule myrophore.
N’est pas la femme adultère. Béthanie c’est la maison du pauvre. Nous sommes tous pauvres. Dans la genèse, le seul sens qui n’a pas été atteint par le péché est l’odorat. Eve a vu, touché, goûté, entendu, mais il n’est pas dit qu’elle a senti. Dans la Bible, on sent la vie (mort puanteur). Offrir le parfum, c’est offrir la vie. Réaction de Judas : le pauvre, ce jour-là, c’est Jésus lui-même.
Résurrection : Marie cherche le Seigneur, cette recherche élargit le cœur. Elle se retourne = conversion. Elle tourne le dos au tombeau. Nous adorons un Dieu de VIE. « Femme » rare. Seule la Vierge Marie a été appelée ainsi. Jésus reconnaît en Marie l’accomplissement de la vocation féminine. Jésus est dans un jardin : comme à la genèse. Il l’appelle par son nom. Ne se laisse pas
toucher. Marie Madeleine est invitée à entrer dans une nouvelle relation : une relation de foi. Elle est l’apôtre des apôtres. « Je monte vers mon Père et notre Père ». NOTRE : nous sommes fils adoptifs. Notre vocation de femme : défendre la vie. Sainteté est d’être des myrophores, annonciatrices de la Résurrection.


Conclusion : Nous n’avons pas épuisé le sujet… Il faudrait prolonger notre échange autour de la femme dans les écrits pauliniens. Il n’a rien de machiste ! qui ouvre toute une réflexion à poursuivre sur la place de la femme dans l’Eglise.
Mais je voudrai évoquer la
prière de consécration des vierges :
Seigneur notre Dieu, toi qui veux demeurer en l’homme, tu habites ceux qui te
sont consacrés, tu aimes les coeurs libres et purs. (…)
Accorde, Seigneur, ton soutien et ta protection A celle qui se tient devant toi,
et qui attend de sa consécration Un surcroît d’espérance et de force :
Que jamais l’esprit du mal, Acharné à faire échec aux desseins les plus beaux,
Ne parvienne à ternir l’éclat de sa chasteté, Ni de la priver de cette réserve Qui
doit être aussi la richesse de toute femme.
Par la grâce de ton Esprit Saint, Qu’il y ait toujours en elle Prudence et
simplicité, Douceur et sagesse, Gravité et délicatesse, Réserve et liberté.
Qu’elle brûle de charité Et n’aime rien en dehors de toi; Qu’elle mérite toutes
louanges Sans jamais s’y complaire; Qu’elle cherche à te rendre gloire, D’un
coeur purifié, Dans un corps sanctifié; Qu’elle te craigne avec amour, Et, par
amour, qu’elle te serve. (…)

Sources :
Bible
Anne-Marie PELLETIER, le signe de la femme
Anne-Marie PELLETIER et Corinne LANOIR, Le salut vient des femmes : figures
bibliques, Lumen Vitae, 18 février 2017
Les femmes dans l’Ecriture, Annie Jaubert, supplément Vie chrétienne n°219
Claire PATIER, « Plus est elle sainte, plus elle est femme », textes de la retraite
biblique, Abbaye de Rosans, 2018.

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